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José Gonella - Pierre Chevallier 

À cette question d’internaute, le «Petit Robert» répond aucune. Pour «mer» et «océan», on y trouve la même définition : «vaste étendue d’eau salée qui couvre une grande partie de la surface du globe».

Avant de voir le point de vue du géographe, il nous paraît plus instructif d’examiner l’étymologie et l’histoire de ces deux mots en nous limitant à la culture occidentale, issue essentiellement dans ce domaine des civilisations gréco-romaines. Les chinois, les vikings, les amérindiens et les arabes ont parcouru ces vastes étendues d’eau salées bien avant notre civilisation, mais les termes «mer» et «océan» sont liés à notre propre histoire. 

Crédit : www.techno-science.net  - mer ou océan

Le terme «mer» fait partie d’une famille d’un mot d’origine indo-européenne signifiant «lagune». C’est ainsi que l’on a en latin : «mare» et «maris» pour mer d’où «marinus» et «maritimus» (marin et maritime) ; en espagnol «mareo», mal de mer. Le germanique «mari» (lac et mer) donne le francique «marisk» (marais), l’anglais «mere» (lac, étang, mare, marécage), l’allemand «meer» (mer). En celtique gaulois et breton «mor» (mer) est à l’origine de «Armor», pays de la mer (par opposition à «arcoat» ou «argoat», pays des bois), et de «morue»

Le terme «océan» quant à lui vient du grec «Ôkeanos», divinité marine, l’eau qui entoure le «disque» de la Terre. Socrate, dans «Phédon de Platon», distingue bien la petite partie de la Terre que nous occupons «comme des grenouilles ou des fourmis autour d’un étang» (vous avez reconnu la Méditerranée) et les courants nombreux et considérables : «le plus grand et le plus éloigné du centre est l'Océan dont le cours encercle la Terre».
Ceci explique sur les cartes romaines la présence du «mare oceanus» (l’actuel Atlantique NE), considéré comme une mer extérieure par opposition au «mare internum ou mediterraneum» (au milieu des terres), notre cher «mare nostrum». Le «Grand Océan» (l’actuel Océan Pacifique) n’était pas encore connu par notre civilisation quand Christophe Colomb a reçu, en 1492, de la Reine Isabelle de Castille, le titre d’amiral de la flotte de la «Mer océane» et de gouverneur général des «îles et continents à découvrir». C’est bien après la découverte du «Grand Océan», par Balboa (1513), et sa traversée d’Est en Ouest par Magellan en 1520, que l’on voit ainsi apparaître, vers la moitié du XVI siècle, sur les cartes marines, les termes «Océan Atlantique» et «Océan Pacifique».
Par ailleurs il est bon de rappeler aussi qu’à l’époque gréco-romaine, certaines étendues d’eau salée étaient désignées par «sinus» ou «euxinus» (golfe, baie, ..) : par exemple «Arabicus sinus» pour la Mer Rouge ou «Pontus euxinus» pour la Mer Noire.

Ce bref rappel étymologique et historique permet de mieux comprendre l’usage actuel de «mer» ou «océan» par les géographes et les océanographes. À ces termes, il conviendrait d’ajouter les termes de «bassin» ou «golfe». Ainsi, cet usage conduit à utiliser généralement «océan» pour les étendues les plus vastes et «mer»«bassin» ou «golfe» pour des superficies plus limitées, proches des côtes et parfois fermées.

D'un point de vue géographique, on peut cependant caractériser plus précisément chaque terme :
Les océans sont les très grandes étendues d'eau salée bordées par les continents. Comme nous l’avons vu, avec les découvertes successives, la «mer océane» est devenue l’Atlantique et le «grand océan» est devenu le Pacifique. En classant les océans par leur importance (volume et superficie), on distingue actuellement les océans Pacifique, Atlantique, Austral, Indien et Arctique. Parfois, l’Océan Austral est désigné par Océan Antarctique et l’Océan Arctique par «Bassin Polaire Nord». L’amplitude des marées y est en général très importante et l’onde de marées est continue en passant d’un bassin à un autre.

Les mers sont moins vastes et généralement moins profondes. Grosso modo, on peut distinguer trois catégories :

  1. Les mers totalement fermées sont en réalité des lacs, c’est-à-dire des étendues d’eau situées à l’intérieur d’un continent et qui ont un caractère endoréique. Ce dernier terme signifie que leur bilan hydrologique est en équilibre, les apports (précipitations et écoulements superficiels ou souterrains) sont compensés par les pertes (évaporation, infiltration, écoulement par débordement). Le caractère de lac est souligné par l’absence d’échanges directs avec d’autres grandes masses d’eau. Comme pour les grands lacs :

    • la salinité varie selon l’environnement géologique ou climatique, et aussi selon les aménagements anthropiques. La salinité de la Mer Morte dépasse les 300 g/l, alors que la Mer Caspienne possède une salinité équivalente à la teneur moyenne des bassins exoréiques en communication avec l’océan. Un cas intéressant est la Mar Chiquita (Argentine) dont la salinité varie entre moins de 30 g/l et plus de 200 g/l en fonction des saisons et de son niveau de remplissage. Dans le cas de la Mer d’Aral, sa salinité était d’environ 35 g/l au début des années 1960, avant les aménagements hydrauliques soviétiques, alors qu’elle présente aujourd’hui dans sa partie ouzbek des teneurs qui peuvent atteindre 200 g/l.
    • la profondeur varie beaucoup : de quelques mètres (Mar Chiquita) à quelques dizaines de mètres (Mer d’Aral), jusqu’à atteindre le millier de mètres dans le cas de la Mer Caspienne
    • si elles ne sont pas sensibles aux marées, ces étendues d’eau peuvent présenter un phénomène de seiche qui correspond à des oscillations de la masse d’eau entraînant des différences de niveaux entre deux rives opposées dont l’ordre de grandeur peut dépasser le mètre. Le plus souvent dues aux vents dominants, elles peuvent aussi avoir des causes telluriques ou être liées à des variations de la pression atmosphérique.

    On peut enfin mentionner le projet "Red to Dead" de réapprovisionnement de la mer Morte, dont le bilan hydrologique actuel est déficitaire, au moyen d’une liaison hydraulique artificielle avec la Mer Rouge qui pourrait la transformer en mer «communicante» !

  2. Les mers qui communiquent par un détroit avec un océan ou une autre mer (ex. la Mer Méditerranée avec l’Océan Atlantique et la Mer Noire avec la Méditerranée). Ces mers ont pour caractéristiques d’influencer les eaux profondes des bassins adjacents. L’eau de la Mer Noire agit sur les caractéristiques de l’eau de fond méditerranéenne qui, à son tour, en plongeant à plus de 1200 m après son passage à Gibraltar, crée le fameux chenal sonore (DSC : Deep Sound Channel) dans l’Atlantique Nord. Ce DSC a permis à l’US Navy d’établir dans les années 1950 le SOSUS (Sound Ocean SUrveillance System) pour surveiller les sous-marins nucléaires soviétiques équipés de missiles balistiques dans tout l’Atlantique Nord. Ce type de mer a des amplitudes de hauteurs et de courants de marées très faibles, sauf dans les détroits. 

  3. Les mers ouvertes sur un océan ou une mer ayant une étendue plus importante. Ce sont en général des étendues bordées par une côte et limitées, au large, au niveau du plateau continental. Mais il y a des exceptions : la mer des Sargasses n'a pas de contact avec le littoral, elle se distingue par sa particularité biologique. Les études hydrologiques et marégraphiques de ces mers ne peuvent être conduites sans l’examen de l’ensemble du bassin océanique ou maritime dans lequel elles sont insérées.

Finalement, en raison des échanges (biologiques, hydriques, thermiques et halins) qui s’opèrent entre ces cinq océans et les mers adjacentes, les océanographes considèrent que dans une perspective climatologique il n’y a qu’un seul «Océan» :

«the Global Ocean».

Mis à jour avril 2019

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